« Sexe, genre et société(s) : les identités remarquables », samedi 29 novembre 2025 à Paris.

À l’occasion de notre septième colloque, nous souhaitons interroger le genre du point de vue de la psychanalyse intégrative. Même si la sociologie et la pensée féministe s’en sont emparés, la notion de genre apparaissait déjà en pointillé dans l’œuvre de Freud pour qui il existait chez l’être humain trois couples d’opposition : « actif / passif » ; « phallique / castré » et « féminin / masculin », ce dernier demeurant pour lui le plus difficile à penser. Une énigme ni purement biologique, ni purement psychologique, ni purement sociologique sur laquelle il a achoppé, comme en témoigne sa difficulté à appréhender la sexualité féminine. D’ailleurs, il a écrit en 1926, dans L’Analyse profane « la vie sexuelle de la femme adulte est encore un continent noir pour la psychologie ». Sur le même registre, il a conceptualisé l’envie du pénis chez la femme, sans pouvoir imaginer qu’un homme puisse se rêver femme, comme l’atteste son analyse du délire paranoïaque du Président Schreber, qui écarte l’hypothèse de la transidentité.

Plus près de nous, le concept de genre émerge au milieu des années 1950, avec les travaux de John Money, psychologue et sociologue néo-zélandais, qui testent le concept d’apprentissage social d’identité de genre. Plus tard, les travaux de Robert Stoller, psychanalyste et psychiatre américain, forgent à la fin des années 1960 le terme « d’identité nucléaire de genre ».

Plus récemment, Jean Laplanche déconstruit l’idée selon laquelle le sexe biologique précèderait le genre qui est de l’ordre du sociétal. Il inverse ainsi la diachronie grâce à sa théorie sur la séduction généralisée et renoue avec la neurotica freudienne. Selon lui, les relations nécessairement asymétriques entre le petit enfant et l’adulte sont infiltrées par l’inconscient parental.

À notre tour, en tant que psychanalystes intégratifs, nous ne pouvons faire l’économie de ce questionnement et de ses enjeux sociétaux postmodernes . À l’heure où de nombreuses jeunes personnes accueillies dans nos cabinets interrogent leur identité de genre, il nous semble nécessaire d’affirmer fermement la dimension subversive, si ce n’est transgressive, de la psychanalyse, en écoutant et en apprenant des expériences de nos patients.

Toujours sensibilisés à l’apport des disciplines connexes en sciences humaines, telles que la philosophie et la sociologie notamment clinique, nous étudierons en quoi la question contemporaine du genre interroge certaines hypothèses fondatrices de la psychanalyse, comme le complexe d’oedipe ou encore le primat du phallus ? Comment nos patients viennent troubler nos propres représentations identitaires de thérapeute et mettre au travail notre contre-transfert ?  En quoi ces questionnements viennent bousculer notre pratique intégrative qui pourtant tend déjà à penser intersectionnalité et complexité ?